Ces courts voyages en lecture invitent à flâner, observer, apprendre, guidé par un passé qui a marqué les lieux et qui, bien souvent, nous concerne à travers la colonisation. Ils ont pour ambition de procurer des moments d'évasion, mais aussi d'ouvrir des portes sur le destin des peuples.

Enigme au cœur de l'Isalo

Existe-t-il, dans quelque fond ignoré de l’Isalo, une peuplade, une tribu, un groupe humain, antérieur aux Bara et aux Sakalava, resté dissimulé jusqu’à nos jours ? Pour les Bara, cela ne fait aucun doute.

Toliara (Tuléar), le barrage des gendarmes à la sortie de la ville : “ Excusez-nous, mais nous n’avons pas de véhicule disponible. ” En s’asseyant près du chauffeur, le corpulent brigadier-chef fait gémir le siège de la Renault 4. Il est accompagné d’un adjudant efflanqué qui prend place à l’arrière. Ils s’installent d’autorité dans le taxi pour être emmenés à Sakaraha, un gros bourg situé à une centaine de kilomètres sur la Nationale 7. Le parc naturel de l’Isalo est plus loin sur cet axe. Le brigadier-chef pose une grosse sacoche de cuir sur ses genoux. L’adjudant filiforme enlève son képi et se plie pour se caler sur la banquette-arrière. Les portières claquent. 

“ Nous allons constater un meurtre et procéder à l’arrestation des coupables » soupire le chef après quelques banalités sur Madagascar. Trois voleurs de zébus ont été pourchassés, rattrapés et tués par des villageois. “ Ce n’est pas rare, dit le chef. Il y a beaucoup de vols de zébus dans cette région. ” Ces vols, lit-on dans divers ouvrages, sont de tradition chez les Bara, l’ethnie d’éleveurs peuplant l’Isalo. Chez les jeunes, ils seraient une sorte d’épreuve pour prouver leur courage (on retrouve la même pratique ailleurs en Afrique). A Madagascar, ils sont surtout le fait de bandits professionnels ; ils alimentent un trafic de bétail à l’exportation et de viande écoulée sur le marché intérieur. C’est avec l’or, les pierres précieuses et la vanille, un des juteux trafics qui gangrènent l’économie malgache. 

Sur le terrain, les bandits (dahalo) sont très bien organisés, ils possèdent des armes à feu automatiques et n’hésitent pas à s’en servir. Les autorités peinent à lutter contre eux faute de moyens militaires, et de volonté pour débusquer leurs commanditaires et protecteurs. “ Nous allons ramener les coupables à Toliara ” conclut le brigadier-chef avant de se murer dans le silence. 

Comment vont-ils s’y prendre ? Rares sont les véhicules sur ce trajet… Feront-ils descendre les passagers d’un taxi-brousse bondé  ? A moins que… Le chauffeur du taxi a l’air anxieux, il doit penser au retour… À Sakaraha, après le départ des gendarmes, la Renault reprend sa course, allégée. La Nationale 7 s’élève sans hâte vers les plateaux du centre de Madagascar. Une lande d’herbes hautes occupe bientôt tout l’espace visible. Quelques villages épars sont adossés à cette lande comme à un désert. Sur la mer d’herbes, on suit la progression, au loin, de grands rideaux noirs de pluie, tombant d’impressionnantes structures de nuages. 

Après quatre heures de route vient Ilakaka, bourg grouillant des prospecteurs de saphirs, sorti de terre en quelques semaines au milieu de la solitude d’herbes, aux planches encore claires et fraîches, l’air d’une colonie du far west américain. Des masses rocheuses s’élèvent au fond de la plaine, elles aussi incongrues dans ce paysage. La route passe au pied de longues parois crénelées, pas très hautes, alignées comme des bâtiments en ruine d’une cité morte. A l’opposé, éparpillés sur la mer d’herbe, des arbres et de petits troupeaux de zébus vont s’amenuisant vers l’horizon, jusqu’à devenir minuscules. 

Près de la route, un de ces troupeaux est gardé par un adolescent. Il est en short et en polo. Pour donner l’heure, il regarde une montre à quartz à son poignet. Sa chevelure tressée est ramenée sur le front en une natte unique: les Bara sont des virtuoses du tressage de cheveux. Il tient deux sagaies à la main pour diriger ses bêtes. Il demande une cigarette. Les peaux unies luisantes des zébus resplendissent sous le soleil, noires, brunes, crèmes, blanches, etc. Rassemblées autour de leur guide, les bêtes ont un regard hautain, hostile, pour l’intrus. Leurs cornes font un arc parfait, divin. La montre sonne. Il est quinze heures trente ; l’heure de ramener les bêtes à leur enclos, apprend-on.

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Bouviers, est-ce vous qui percez les nuages avec la pointe de vos sagaies pour arroser les pâturages ? Chaque fin d’après-midi, pendant la saison des pluies qui s’étend de novembre à mars, le rituel est immuable : le ciel de l’Isalo se couvre . Une ouate d’un gris doux et sombre, aux bourrelets creusés de replis noirs, s’installe au-dessus du massif montagneux. Tellement proche et aux contours si nets qu’on a presque l’impression, du sommet des rochers, de pouvoir l’effleurer du bout d’un parapluie tenu à bout de bras. Autour, le ciel devient d’un bleu pastel très pur. Irradié par une lumière d’argent, il sert de fond à la silhouette dentelée des barrières de grès stratifiées en couches brunes et grises, gagnées peu à peu par l’ombre. L’herbe prend alors une couleur verte, tendre et luminescente. 

À cette heure, l’Isalo semble rompre le vœu de silence gouvernant ses journées. Des grondements sourds, accompagnés de lueurs voilées, émanent de la masse d’apparence immobile flottant dans l’espace. Un vent léger fait rouler et bruisser les hautes herbes, transportant l’odeur de la terre. La pluie ne dure pas et, au sortir de l’ondée, des arcs-en-ciel enjambent la montagne. Le feu du soleil glissant sous les nuages illumine la crête des corniches. Une barre de lumière se trouve comme posée sur un socle d’ombre.

La saison sèche étant la plus longue, l’herbe de l’Isalo est plus souvent couleur de paille. Mais quelle que soit la période, on est sûr que le ciel composera des décors et des éclairages à la hauteur de l’étrangeté du lieu. Le spectacle de l’Isalo est unique. On ne peut vraiment lui comparer que le massif sud-africain du Cederberg, au-dessus du Cap. Mais, dans le Cederberg, ni herbes, ni arbres, n’adoucissent comme dans l’Isalo l’âpreté du désert d’altitude. À défaut d’être démontrée, cette parenté d’aspect remémore l’origine africaine de Madagascar - sur une carte, la côte occidentale malgache s’emboîte à la perfection au rivage africain qui lui fait face. 

Apparu au Jurassique il y a deux cents millions d’années, l’Isalo est bien davantage qu’une singularité géologique. “ C’est le certificat de naissance de Madagascar. On voit aux galets et aux cailloux collés aux rochers la direction du courant lorsque la mer venait jusqu’ici. ” José, membre de l’équipe gestionnaire du parc naturel de l’Isalo, joint le geste à la parole en montrant le pudding incrusté dans une paroi. Le parc a été constitué en 1962, au lendemain de l’indépendance, pour protéger le domaine montagneux. Il est placé sous la responsabilité de l’association nationale pour la gestion des aires protégées (ANGAP), organisme soutenu par le Fonds mondial de la nature (WWF). 

Cela ne rend pas l’Isalo moins insaisissable... Le grès a été creusé, gratté, érodé par les bourrasques et les pluies jusque dans ces moindres recoins. Un sculpteur dément n’aurait pas fait mieux. Avec la même énergie, le grand art de la nature a obéi à la rigueur la plus contraignante et la liberté la plus folle. L’architecture de l’Isalo est paradoxale ; massive, presque militaire dans ses volumes, elle cisèle des bas-reliefs d’une délicatesse extrême. Les griffures du grès composent des volutes, des arabesques, des rosaces, des ellipses de cartes cosmiques, les pleins et les déliés d’une écriture indéchiffrable. Cette dentelle n’est encore par endroit qu’un sable aggloméré, une pression un peu ferme la fait tomber en poussière. 

On a l’impression ici que la nature s’est inspirée de l’homme, ou, pour le moins, qu’elle a été guidée par une intelligence. Avec le recul, le relief prend des contours de krachs, de citadelles, de fortificationsen nombre incalculable. L’empilement des roches en couches successives fait penser à des pierres assemblées et soudées par un mortier en décomposition. L’ancien fond marin aligne de minces palissades de roche sur des centaines de mètres. Tout est raboté, râpé, entaillé, troué, délavé, couvert de lichens, donnant la patine d’édifices de deux cent millions d’années ! 

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De grandes ruines dramatiques, l’Isalo a aussi le silence et la paix suspendus des destructions achevées, des violences assouvies. Même après plusieurs jours, on se prend à fixer certaines hauteurs lointaines avec le plaisir d’une dernière once de doute. Les scientifiques ont une expression pratique pour tout résumer : “ Massif ruiniforme ”. Dans l’infinité des postures, des roches ont pris des tours anecdotiques pour l’œil humain. La plus célèbre découpe en contre-jour un profil de femme surmonté d’une couronne : la Reine de l’Isalo, l’appelle-t-on. Trônant au bord de la Nationale 7, elle est devenue un emblème naturel, presque officiel, du parc.

L’Isalo désigne précisément trois élévations séparées par la plaine d’herbes, qui s’étagent de cinq cents à mille deux cents mètres d’altitude. Le parc couvre exactement 81 540 hectares, soit soixante-dix pour cent du plus élevé et tourmenté de ces trois massifs. Il présente à l’est une falaise continue percée de profonds canyons. Cette masse s’effrite ensuite, formant un labyrinthe inextricable de barres rocheuses enchevêtrées, enfermant des vallées boisées au gré d’un réseau de ruisseaux irriguant le massif, alimentés par des sources et par les pluies. Peu à peu, les cimes crénelées s’espacent, dégageant de vastes portions de la plaine d’herbes hautes. C’est alors l’Isalo des grands horizons. La prairie encercle les citadelles de pierres, ne laissant aucun espace lui échapper. Isolés ou par petits groupes se dressent sur cette plaine des palmiers aux allures de guerriers, rivés au sol, les troncs droits, les feuilles taillées en lames de couteau déployées en éventail, comme en attente d’un assaut. Dans ce décor figé, les couleurs évoluent sans cesse avec la lumière. De grandes taches d’ombres se déplacent sur la mer d’herbes avec les nuages. 

Construite au pied d’un pan de roche, la Maison de l’Isalo, siège de l’administration du parc, fournit quelques clés pour comprendre cet univers atypique. Géologie, faune, flore, peuplement humain : une exposition un peu scolaire sur le thème de “ l’adaptation au milieu ” donne des repères auxquels se raccrocher. Le vrai parc jurassique, c’est l’Isalo. Des paléontologues ont mis au jour une mâchoire de prosauropode aux environs de Sakaraha. Dans ce dédale rocheux, on imagine sans effort des dinosaures broutant les hautes herbes, avançant pesamment sur la plaine, relevant leurs longs cous aux rugissements jaillis des vallées obscures. 

Si peu d’espèces animales peuplent les ruines actuelles, toutes ont une particularité. Le maki a appris à grimper la roche grâce à l’évolution de ses paumes qui font ventouses. Un lézard a modifié sa morphologie pour filer plus vite. Un oiseau, le Ganga masqué, parvient à saisir et retenir l’eau entre ses ailes pour en abreuver ses petits. Le Bensoni, petit oiseau noir endémique dont la population se réduit à une vingtaine d’individus, peuple quelques arbres à l’entrée d’un canyon. Un petit lac attire quelques hérons et des canards sauvages jusque dans ce pays désolé. 

Quant aux humains, ils sont dix mille autour du parc, répartis entre quarante villages. Ce sont des Bara Be. Le peuple bara compte trois branches ; les Bara Be sont les plus nombreux : c’est le sens de l’épithète Be. Ils commencèrent d’occuper l’Isalo vers la fin du XVIIIe siècle en quête de prairies pour leurs troupeaux. Ils s’imposèrent en repoussant les Sakalava. Un village, Sahanafa, se trouvait à l’intérieur du parc créé en 1962. Il fut déplacé ; sans doute s’agit-il d’un autre exemple d’adaptation au milieu. Comme une justification, l’exposition rappelle les deux menaces pesant sur le site, dont les hommes sont responsables. D’abord les feux de brousse allumés par les Bara à l’approche des pluies pour régénérer le pâturage : ils s’étendent évidemment à l’intérieur du parc ; ils en rongeraient chaque année un pour cent de la superficie. Ensuite, bien que moins pressante dans l’immédiat, la ruée sur le saphir qui troue la plaine voisine, car les filons ne se seront pas arrêtés à la limite du parc.

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Distinct de la Maison de l’Isalo, le bureau d’accueil du parc est au centre de Ranohira, bourg limitrophe, afin de lui faire profiter du passage des touristes. Les tickets d’entrée s’achètent et les guides se recrutent à ce bureau, toujours encombré d’une petite foule. Un guide est obligatoire pour pénétrer dans l’Isalo. Autant que le règlement, la prudence l’impose. Une bonne condition physique est indispensable. Cinq circuits sont ouverts au public. Seul le parcours le plus éloigné, de la grotte dite « des Portugais », demande plusieurs jours de bivouac. Il est rarement demandé, y compris durant la saison sèche quand les pistes sillonnant le parc redeviennent praticables. Des randonnées à cheval et des trekkings à la carte sont également possibles en y mettant le prix. Mais dans tous les cas, on n’aperçoit qu’une portion limitée du massif. L’essentiel est inaccessible. Les randonnées les plus courantes, d’une à deux journées, ont la valeur d’une initiation. 

La plus courte est une promenade de quelques heures conduisant, par-delà un plateau rocailleux, jusqu’à un bassin d’eau claire situé au bas d’une petite cascade. On se rafraîchit avec bonheur dans cette piscine naturelle, bucolique à souhait dans son oasis luxuriante. Des gradins ont été aménagés sous la voûte de la cavité ombrageant en partie le plan d’eau. Pour s’y rendre, le chemin remonte le fond d’un écartement de la falaise. 

Le panorama du sommet révèle plusieurs des particularités de l’Isalo. Au bord du sentier s’élèvent des monticules de cailloux, ou plutôt de vœux puisque chaque caillou posé correspond à un vœu : les tatao. Déposer une pierre-vœu, c’est la coutume chez les Bara au départ des grandes courses à travers le massif. Au loin, sur le plateau, on voit plusieurs édifices cubiques de terre rousse. Ce sont d’anciennes tombes sakalava. Plus proche, creusée dans une paroi de la falaise, une sépulture bara illustre le contraste entre les deux cultures. Chez les Bara, après avoir reposé dans une tombe provisoire, le défunt est enfoui au fond d’une cavité naturelle, agrandie si nécessaire, puis bouchée par des pierres. L’Isalo est parsemé de ces sépultures de montagne, certaines placées à des hauteurs impressionnantes pour dissuader les pilleurs de tombes (elles font penser aux tombes des Toradja des îles Célèbes). 

Sur ce chemin, on palpe l’écorce de l’arbre le plus courant de l’Isalo : le tapia. Grâce à l’épaisseur de son liège, ce petit feuillu à la ramure abondante est le plus résistant aux feux de brousse ; pratiquement tous les troncs de tapias ont un côté noirci. Dans leurs branches pendent les cocons d’une soie réputée dans tout Madagascar. Les plus beaux lamba malgaches, les larges foulards traditionnels, sont tissés avec cette soie de l’Isalo. 

Autre rencontre intéressante sur ce plateau, celle d’une espèce de pachypodium improprement appelée « baobab nain ». L’image décrit bien cependant l’aspect de cette plante sèche, endémique de l’Isalo, qui produit de très belles fleurs jaunes, et dont le corps ventru, sa réserve d’eau, sonne creux quand on le toque. Les guides montrent aussi le salotsy, un arbuste également propre à l’Isalo. Ses feuilles longues, minces, se dispersent à l’extrémité d’une hampe très fine. Cet arbuste discret est surtout signalé parce qu’il serait être à l’origine d’un poison foudroyant et du nom du massif, Isalo.

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La découverte des entrailles de l’Isalo se poursuit en remontant, à l’intérieur de la falaise, des ravines profondément encaissées, encombrées de rochers. Une marche d’approche à travers les pâturages et les champs de riz de l’ancien village de Ranohira - distinct du bourg du même nom : il y eut plusieurs Ranohira comme on va le voir - permet d’apprécier la majesté de la falaise, taillée comme à la hache. Dans le canyon dit « des rats », un filet d’eau s’écoule sur un lit de sable et de gravillons entre deux murs de grès de près de deux cents mètres de hauteur ! Le ciel est une bande bleue. Dans les parties les plus resserrées de la gorge, on se croirait dans un jardin intérieur rafraîchi par un bassin naturel, au milieu de bouquets de palmiers, à l’abri du soleil entre de hauts murs, l’écho léger du ruisseau répercuté par les murailles. Aucun rat n’est visible. 

Ranohira, qui signifie “ eau des lémuriens ”, est le véritable nom du canyon voisin, dit “ des singes ”, où s’ébattent des makis et des sifakas. Ils se méfient des humains, sans les craindre. Ils viennent généralement satisfaire leur curiosité quand des intrus pénètrent leur domaine. Avec un peu de patience et de silence, en restant près de la cascade où ils s’abreuvent, on les entend approcher à des froissements de feuilles. On finit par les apercevoir, remuant les branches, oscillant d’un arbre à l’autre, s’arrêtant pour grignoter des fruits. “ Ils n’aiment pas qu’on parle fort, ça leur fait peur ” prévient en chuchotant Fidy, chimiste parachuté spécialiste de la faune, au sein de l’équipe du parc, faute d’emploi dans son secteur. D’autres lémuriens ont leurs habitudes sur le chemin plus acrobatique de la cascade des Nymphes (Namaza). Le torrent fraie entre des rochers et des bancs de sable sur plusieurs niveaux. Pour aider la progression, certains blocs ont été rabotés pour signaler où poser les pieds et, dans le passage le plus délicat, une rampe métallique a été scellée dans la roche pour se hisser.

Les nymphes sont des grenouilles. Leur royaume occupe, au fond du canyon, une haute grotte humide, ouverte à son sommet, d’où tombe en continu une cascade irradiée de lumière. Ce voile d’eau soulève une vapeur bleue maintenue en suspension. D’un poli d’onyx, la surface du bassin réfléchit la cavité dans ses moindres détails comme un miroir noir. À son zénith, le soleil plonge brusquement un puissant rayon au cœur de ce puit naturel. Le nuage bleu scintille ; les saillies luisantes de la roche, couleur d’ardoise trempée, et leurs doubles inversés, sont frappés d’éclairs ; des flambeaux s’allument dans les profondeurs du bassin. Les grenouilles se taisent. On entend seulement le bruit de la cascade. Pour quel motif des nymphes ont-elles été transformées en batraciens ici ? Ça ne dit rien à Fidy, en train d’allumer une cigarette, ni à l’employé du parc, guide du cru, qui nous accompagne... 

Piétiner dans le torrent, bondir d’un rocher à l’autre : l’excursion à la « piscine noire », autre bassin aux eaux sombres au cœur de la falaise, est la plus physique. Sur quarante mètres, on avance collé à un mur naturel tombant à pic dans le torrent, en s’aidant d’un filin métallique avec les mains et d’un petit rebord taillé dans le roc avec les pieds. Ce n’est pas trop haut et, en dessous, l’eau est calme avec un peu de profondeur. Elle laisse voir son fond rocheux. Voilà l’approche touristique de l’Isalo. Quant à pénétrer les secrets du massif montagneux, les mystères dissimulés par ce fouillis rocheux tentaculaire, c’est une autre affaire. 

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Les Bara sont habitués à vivre avec des questions sans réponse. Elles datent de bien avant leur arrivée. En s’installant dans le pays, ils les ont intégrées à leur propre univers de légendes et de croyances. Dans l’Isalo, on marche réellement sur des pas mystérieux. Le mutisme de la savane et des montagnes donne l’impression de taire quelque chose. Ce labyrinthe, qui reste en grande partie inexploré, renferme deux énigmes en parfait accord avec sa singularité. 

La première éclaire peut-être l’un des plus grands désastres subis par les conquistadores portugais sur la route des Indes. L’étonnante disparition, au début du XVIe siècle, d’une troupe de plusieurs centaines d’hommes, partie à pied des environs de Toliara pour gagner l’Anosy en traversant le grand Sud malgache dans une quête désespérée de secours, et qui n’arriva jamais. Cette disparition frappe l’esprit par le nombre de victimes qu’elle entraîne dans le néant, deux équipages entiers, et par son enchaînement dont on mesure, avec le recul des siècles, la logique implacable. Elle conduit dans l’Isalo comme vers un lieu prédestiné, appelé à la tragédie, vers une fin inévitable et prévisible. L’Isalo est une impasse ; s’y enfoncer, c’est s’y perdre. 

Au nord-est du parc, non loin de l’emplacement de l’ancien village de Sahanafa, les vestiges d’un site rudimentaire sont visibles au fond d’une petite vallée : la « grotte des Portugais ». En fait, deux grottes, une grande et une petite, et leurs environs, portent les traces d’une présence humaine (nous ne parlons pas, bien entendu, des détritus actuels) qui n’a jamais été clairement identifiée. L’entrée de la plus grande des cavités est barrée par un mur de pierres, bâti à l’évidence par des mains humaines. Des semblants de colonnes et de bancs, sculptés grossièrement dans la roche, font corps avec le parvis. 

Les historiens ont penché en premier vers l’hypothèse portugaise, qui paraît en effet la plus plausible car elle s’appuie sur un récit des chroniques des Indes. La troupe disparue dans l’Isalo aurait été constituée des équipages de deux navires que commandaient en 1527 les capitaines Manuel de la Cerda et Alexis d’Abreu. Ils faisaient voile de concert dans le canal de Mozambique quand, cherchant un mouillage pour la nuit, tous deux accrochèrent le récif corallien, vraisemblablement entre les baies de Saint-Augustin et de Morombe, au-dessus d’Ifaty… Les navires furent perdus, mais les hommes réchappèrent du désastre. 

En se fondant sur les effectifs moyens des équipages portugais de l’époque, ils pouvaient être cinq à six cents. Ils restèrent dans la compagnie des Vezo, à proximité du lieu de leur naufrage, dans l’espoir qu’un navire fît son apparition. Et ce navire apparut effectivement, au bout d’une année, alors que le soir tombait ! Ils s’empressèrent d’allumer sur la plage de grands feux en forme de croix chrétienne pour être repérés. Le vaisseau les vit. Mais le corail lui opposait un obstacle infranchissable. Pendant huit jours, il essaya en vain d’atteindre les naufragés assemblés sur le rivage. Soumis à un vent violent, il manœuvrait sans cesse pour revenir sur place, n’osant approcher trop près du récif sans l’indication précise d’une passe. 

Antonio de Saldanha commandait ce navire. C’est de lui qu’on tient ce témoignage. Il expliqua que, pendant ces huit jours, il avait espéré un esquif ou un signe lui montrant où mettre une embarcation à la mer pour franchir la barrière, mais que ce signe n’était pas venu. Une tempête s’annonçait et le vent qui forcissait ne permettait plus de maintenir le navire. Il avait renoncé, ne pouvant risquer ses propres bâtiment et équipage. 

Saldanha fit valoir qu’il était suivi par la flotte du nouveau vice-roi des Indes, l’amiral Nuno de Cunha, à laquelle il appartenait et dont il avait été écarté au passage du cap de Bonne-Espérance. Elle ne pouvait manquer de voguer dans ces eaux et disposerait de davantage de moyens pour secourir les naufragés. La flotte du vice-roi était en effet une des plus importantes jamais expédiées en Orient : onze navires transportant, en plus des équipages, deux mille cinq cents soldats envoyés en hâte à Cochin et Goa pour rétablir l’ordre parmi les conquistadores qu’un profond désaccord avait conduits au bord d’une guerre fratricide.

Quelle dut être l’émotion des naufragés en voyant ces voiles disparaître ! Mais les hommes étaient unis, sous commandement, et il leur restait une option : la traversée du Sud malgache jusqu’au pays des Antanosy, de l’autre côté de la Grande Île. Entreprise folle : à l’époque, aucun Européen n’avait encore pénétré à l’intérieur de Madagascar. Sans doute pensaient-ils, en se mettant en marche, atteindre la baie de Sainte Luce où les Portugais relâchaient fréquemment. Ils se guidèrent aux étoiles… 

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On sait tout cela grâce à un survivant. Un laquais passager du vaisseau d’Alexis d’Abreu, parti de Lisbonne pour rejoindre son maître aux Indes. Malade, trop faible pour se lancer dans l’expédition, il resta parmi les Vezo. Il fut recueilli un mois plus tard par la flotte du vice-roi Nuno de Cunha. Loqueteux, hébété, pestilentiel, il alla balbutier son témoignage devant Sa Seigneurie. Toutefois, tel qu’il est rapporté par les chroniques, son propos recèle une incertitude. D’après lui, la troupe s’était scindée en deux. Manuel de la Cerda et Alexis d’Abreu avaient suivi des chemins différents. Par désaccord ou pour doubler leurs chances ? Tous disparurent.

Furent-ils attaqués en chemin par des tribus ? Se réfugièrent-ils dans l’Isalo, au fond d’une vallée, dans des cavités dont ils fortifièrent l’accès pour résister à leurs poursuivants ? Furent-ils exterminés par les Sakalava, les maladies, la faim, la vieillesse ? Ont-ils fini leurs jours dans ces grottes, oubliés de tous ? L’hypothèse n’est cependant étayée, sur place, par aucune preuve. Par exemple, aucune trace de sépulture chrétienne, même sommaire, n’a jamais été trouvée.

Dans la plus vaste des grottes, une espèce de niche paraît creusée dans la roche. Le mihrab, l’alcôve des mosquées dirigée vers La Mecque pour orienter les prières, vint à l’esprit d’autres chasseurs de mystère. L’anfractuosité est effectivement dans la bonne direction. Il en résulta une seconde théorie, bâtie sur le modèle de la précédente, mais renvoyant à une époque antérieure et mettant en scène, cette fois, un équipage naufragé arabe qui aurait tenté, lui aussi, de braver le Sud malgache dans le but d’atteindre l’Anosy. Conjecture également plausible : des liens profonds unissaient Arabes et Antanosy. Mais, en dehors de cette niche, aucun indice n’évoque l’islam à l’intérieur, ni autour des grottes. 

Aujourd’hui, la solution de l’énigme et le site lui-même n’intéressent plus. On s’est arrêté à la juxtaposition d’une triple occupation malgache, arabe et portugaise, qui satisfait tout le monde. Pourtant, ces cavernes sont loin d’être insignifiantes. Arrivés longtemps après les faits, les Bara en ont fait le décor d’un de leurs contes. Dans une version amendée, ce conte est devenu l’un des plus populaires de Madagascar. Il est intitulé Tenika ou Teniki selon qu’il regarde une fillette ou un garçonnet. Les Bara ont donné ce nom de Tenika aux grottes. Il ne signifie rien dans leur langue, mais viendrait d’une inscription qui était gravée sur la voûte de la plus spacieuse des grottes.

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Dans sa maison du vieux village de Ranohira, le roi actuel des Bara Be, Désiré, laisse passer un long silence et réfléchit. Il est assis sur une natte, jambes croisées, à soixante-quinze ans. Sec, alerte, le regard vif et mobile, les cheveux blancs coupé ras, la barbe naissante, vêtu d’une chemise et d’un short. Il réside dans la plus grande bâtisse du village, la seule construite en dur. Elle tranche au milieu des maisons traditionnelles de torchis, édifiées avec la terre ocre roux, qui semblent sorties du sol. Les toits sont couverts d’un chaume tiré des hautes herbes. 

Désiré habite sans doute le poste construit par les Français après la pacification de l’Isalo. Les Bara firent partie des tribus les plus rétives au régime colonial. Premier gouverneur général de Madagascar, Galliéni envoya en 1900 dans le Sud malgache son fidèle bras droit et adepte, Lyautey, alors jeune colonel, mettre au pas les récalcitrants. Lyautey conçut une théorie d’emprises militaire, administrative et économique du terrain reposant sur des cercles géographiques. L’Isalo et Ranohira appartenaient au “ cercle des Bara ”. Il n’y eut pas de grands combats, mais beaucoup de palabres et de menaces pour obtenir la soumission des villages, l’un après l’autre. Deux sous-officiers français laissèrent néanmoins leurs vies dans une embuscade, percés de lances, et le dernier chef bara rebelle, Inapaka, qui s’était réfugié dans les rochers de l’Isalo, fut abattu en 1905. 

Dans la pièce où reçoit Désiré, les nattes sont disposées, comme le veut la coutume, dans l’angle nord-est, opposé à l’entrée inondée de soleil. Le toit du bâtiment formant auvent sur l’une des façades, un attroupement se presse dans l’encadrement de la porte, masquant en partie la lumière aveuglante. Il n’y a rien d’autre dans la pièce. Désiré a servi sous le drapeau tricolore, il lui reste un peu de français. Sinon, il est traduit par Delina qui, au sein de l’équipe d’encadrement du parc, supervise les “ projets de développement villageois ”. En principe, ces projets sont financés par le produit des entrées au parc. Ils ont pour but d’intéresser les Bara à la préservation du domaine. Dans le vieux Ranohira, on a un peu arrangé le chemin d’accès au village, très dégradé, et redressé les murs de briques de l’ancienne école abandonnée, qui tombaient en ruine. 

“ Je suis né en 1925, commence Désiré, avec des mots lents, bien détachés. Dans ma jeunesse, j’ai longtemps gardé les zébus à Sahanafa. Je suis resté six ans là-bas, de 1941 à 1947. Je connais bien cet endroit. Les Bara ne savent pas qui a vécu dans les grottes. Même mon grand-père, qui était roi, ne savait rien. On dit qu’ils devaient être un millier. D’où venaient-ils, où sont-ils allés ? On ne sait pas. ” La petite foule agglutinée écoute et commente en murmurant ; elle s’interrompt dès que Désiré parle. Car les Bara savent quand même quelque chose. “ Tenika vient d’un autre mot ”, reprend Désiré. Il épelle les lettres T. E. N. I. N. G. T. “ Ce mot était gravé au plafond de la grotte, affirme-t-il. Je l’ai vu. Mais certains ont cru à un trésor, ils ont creusé la voûte et il a disparu. ” 

Ce n’est pas tout. Désiré veut montrer autre chose. Il se lève. Brusquement, une clameur retentit au dehors. L’attroupement de la porte se retourne. Désiré sort. A l’extérieur, un groupe de jeunes hommes, armés de lances et de bâtons, agités, essoufflés, les visages perlés de sueur, interpelle vivement les habitants. On s’écarte pour laisser passer Désiré. Le chef des jeunes le salue et s’exprime. Désiré lui répond. La troupe repart au petit trot. “ Ils viennent d’un autre village, ils pourchassent des voleurs de zébus, ils veulent savoir si les gens d’ici ont vu quelque chose ” traduit Delina à voix basse. 

L’incident clos, Désiré fait signe de le suivre. Il part en direction de la falaise. Il ouvre la marche, sautant sans difficulté les rigoles d’irrigation des plantations de riz. Le sentier sépare les cultures de la couverture des hautes herbes. Il serpente jusqu’au bois marquant l’accès du canyon de Ranohira. Assoupi en travers du chemin, un zébu s’écarte, irrité. À l’entrée du bois, Désiré hésite, puis, obliquant vers la gauche, il disparaît d’un coup dans les hautes herbes comme à travers un mur. 

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Entrée dans une pluie verte, solide, compacte, torrentielle, qui s’écarte à la manière d’un rideau de perles, bruit comme la pluie quand on la repousse, se referme en frôlant le visage avec la caresse d’un écoulement. Les herbes sont en fleurs. Leurs plumets blancs perchent à trois mètres du sol. Impossible de rien voir au travers. Pas un souffle d’air. “ C’est ce que devient l’herbe quand elle ne brûle pas ” commente Désiré, qui taille le passage des mains et des pieds. Les joncs sont écartés, ployés, cassés. Enfin, Désiré plie les herbes une dernière fois. “ C’est là ”, dit-il. 

L’aire qu’il a dégagée révèle un muret de pierres brunes, terreuses, posées sans façon, enfoui sous les hautes herbes. Dans la pénombre verte, glauque, de fond sous-marin, il a l’air englouti, prisonnier d’algues. “ C’est là que vivait mon grand-père, s’explique Désiré. Ce mur, c’est l’enceinte de sa maison. Au temps où les Sakalava faisaient encore des incursions, le premier village de Ranohira était, plus loin, au pied de la falaise. Plus tard, il s’est déplacé ici, autour de ce mur. Après, il s’est éloigné où nous sommes maintenant. ” Il y eut donc trois Ranohira, et même quatre en comptant le bourg moderne : voilà le secret de Désiré ! Nous repartons en laissant la portion de mur sous le soleil, ainsi qu’une clairière à travers les hautes herbes. 

Sur les Bara, on est loin de tout savoir. Ils seraient d’origine bantoue. Quand et comment sont-ils venus ? Mystère. Installés au sud-ouest de la Grande Île, ils seraient montés vers le nord. Leur territoire fut divisé entre les trois fils d’un roi nommé Andriamanehy, fondateur de la dynastie des Zafimanehy (les fils de Manehy). Flacourt cite ce nom dans son Histoire de la Grande Isle de Madagascar. Le dernier roi indépendant des Bara Be, Ramieba, décéda en 1897. Il fut allergique jusqu’au bout à la colonisation, malgré le bel habit chamarré qu’on lui offrit, avec lequel il fut immortalisé devant sa case royale sur une photographie. Lorsqu’on sait ce qui arriva ensuite, ces prises de vue en brousse de pseudo-explorateurs, anodines en apparence, mettent mal à l’aise. En fait, elles servaient à espionner, à identifier les visages, en prévision d’expéditions militaires futures. Inapaka était le neveu de Ramieba. Il fut photographié lui aussi, avec ses femmes. Les Bara devaient flairer quelque chose. Sur ces photos, leurs regards sont plein de méfiance et d’inquiétude. Désiré descend d’une autre branche de cette famille. 

Le nom de “ Ranohira ” a été conservé, sans doute par commodité, pour nommer le gros bourg édifié sur la Nationale 7. Il a grandi autour d’une église fondée dès 1802 par un pasteur luthérien norvégien. A l’époque, les missionnaires protestants et catholiques se disputaient l’évangélisation des tribus malgaches, leur querelle reflétait la rivalité franco-anglaise autour de Madagascar. L’église abrite une école. C’est le plus beau bâtiment de l’agglomération. Ses couleurs pimpantes blanches et bleues tranchent dans la grisaille de ce qui n’est, au fond, en dehors du bureau d’accueil du parc, qu’une banale étape sur la route des hauts plateaux.

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Mais les pas mystérieux de l’Isalo vont plus loin. Ils conduisent à la plus déroutante des interrogations, contenue dans ce mot : hako, qui signifie en langue bara “ homme sauvage ”. On dit aussi péjorativement ompa, qu’on traduira par “ moins que rien ” pour rester poli. Existe-t-il, dans quelque fond ignoré de l’Isalo, une peuplade, une tribu, un groupe humain, antérieur aux Bara et aux Sakalava, resté dissimulé jusqu’à nos jours ?

Pour les Bara, cela ne fait aucun doute. Des visions fugitives, des indices supposés de passage, alimentent le fantasme. Dans ce rêve éveillé, les hako épient, sans jamais se révéler, invisibles derrière les rochers, les mouvements des uns et des autres à travers le massif. Le cadre s’y prête. L’Isalo regorge de petites vallées encaissées, envahies de forêts, dont, rappelons-le, la plupart n’ont jamais été visitées. On pense bien sûr aux vazimba et autres Mikea cachés dans les forêts de l’Ouest malgache. “ Ompizées ” : Flacourt utilise ce terme au XVIIe siècle pour désigner des populations ayant fui dans la montagne devant le peuplement des Antanosy.

Les Bara sont peu diserts sur le sujet. Désiré l’a esquivé. “ Ils jettent des petits cailloux et sont particulièrement attirés par les fumets des viandes grillées ! ” : un ornithologue venu répertorier les oiseaux de l’Isalo mentionne en passant, dans son rapport, ce propos recueilli auprès d'habitants. L’Isalo atteint là son véritable sommet. Allumant une nouvelle cigarette, à l’ombre d’un escarpement rocheux dominant le panorama du dédale montagneux, Fidy se souvient d’une reconnaissance passée dans les profondeurs du parc, et de la surprise d’un matin de bivouac. “ Notre marmite avait été complètement vidée et essuyée de ses restes de nourriture pendant la nuit. Tout avait été soigneusement nettoyé. Rien n’avait été volé dans le camp. Personne n’avait rien entendu. Il n’y a pas de lémuriens dans ce coin et aucun animal n’aurait nettoyé la marmite avec autant d’application sans faire de bruit. ” Il aspire une bouffée de sa cigarette... Enigme au cœur de l’Isalo.

 

 

Les silences d'or de Praslin

Teniki et son parâtre, conte bara